Les écureuils et les pigeons

La crise financière ?

Encore un petit texte qui me plait beucoup – Prenez-en de la graine !!!

Les écureuils et les pigeons

Il était une fois un écureuil
Qui de son savoir tirait grand orgueil
De sa récolte annuelle de glands
Il gagnait toujours quelques noisettes et noix de pécan

Alors qu’il visitait un pays lointain
Il s’en vanta à un cousin
Voilà bien, dit ce dernier, les gens du vieux continent
Qui se contentent encore d’un si faible rendement

Si tu veux réellement créer de la valeur
J’ai des idées tordues qui peuvent faire fureur
Après avoir entendu de quoi il s’agit
Notre écureuil en reste quelque peu ahuri

Certes répond-t-il, ton montage est tentant
Mais j’ai bien peur de m’y casser les dents
Oh dit le ricain, s’il comporte quelques aléas
Tu sais très bien que ce n’est pas toi qui paieras

Notre animal à la maison de retour
S’empresse de démarcher les pigeons sans détour
Cédez-moi, susurre-t-il, une part de votre pitance
Et bientôt pour vous, ce sera Byzance !

Moult naïfs volatiles dans le piège tapent du bec
Et à l’écureuil apportent leurs kopecks
Certains mènent grand train dans un premier temps
Car, il faut le dire, il y a là du rendement

Pigeons employés, ouvriers, pensionnés, leur statut en oublient
Et malheureusement sur eux-mêmes se replient
Ils vénèrent écureuils, requins, Chanteclers libéraux comme idoles
Tant ils croient que c’est d’eux que viendra le pactole

Hélas, trois fois hélas, surgit la désillusion
Quand de Manhattan déferle une lame de fond
Si certains accusent alors le ricain de coquin
Peut-on mieux qualifier son cousin européen?

L’un et l’autre en tous cas crient sur tous les toits
Help me ! Aidez-moi! Sans quoi c’est la cata !
Alors, les rois des pigeons, tous ensemble, pour les meubles sauver
Des mangeoires de leurs peuples prélèvent partie du dîner

Aux pauvres oiseaux, résignés, il reste à turbiner
Pour espérer voir bientôt leurs rations augmenter
Pendant que le ricain et l’européen
Aux Bahamas ou à Knokke s’en tapent le popotin

De ma fable retirez la morale que vous y voyez
Pour ma part je ne veux qu’hardiment souhaiter
Que les travailleurs tonkinois, ibères, algonquins ou wallons
N’oublient, à l’avenir, plus jamais qui ils sont.

Eric VERMEERSCH Octobre 2008
Edito de ‘Secouez-vous les idées’ n° 76 Décembre 2008 – CESEP – info@cesep.be

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